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Portrait d'un ancien élève : Fabrice BARBIN - SILR 1999

Polytech'Nantes Infos n°2 - Juin 2009


Poly'Nantes, l'association des ingénieurs diplômés de Polytech'Nantes, est allée à la rencontre de Fabrice Barbin, issu de la promotion 1999 de la spécialité Systèmes Informatiques : Logiciels et Réseaux (SILR), aujourd'hui intitulée Informatique, option SILR.


Fabrice BARBIN - diplômé ingénieur SILR 1999
Co-fondateur et directeur technologies et R&D - Hommes & Process (Saint-Malo - Rennes - Paris)

Hommes & Process propose des services et solutions logicielles pour accompagner les équipes dans leur collaboration et la gestion de leurs projets, autour des technologies "Groove" de Microsoft.


Poly'Nantes s'est intéressée à la création d'entreprise , et a proposé à Fabrice Barbin de parler de son expérience en la matière. Issu de la promotion SILR 1999, il s'est beaucoup diversifié dans son parcours pour finalement créer son entreprise et concrétiser son projet

Fabrice, pour commencer, pouvez-vous nous raconter votre parcours depuis la sortie de l'École ?


"J'ai en fait été embauché, dès ma sortie, chez Cap Gemini Ernst & Young à Rennes, où j'ai réalisé mon stage de fin d'études. J'y ai occupé, entre 1999 et 2001, plusieurs postes qui m'ont permis de parcourir de nombreuses activités de l'entreprise : Développeur, responsable technique, chef de projet, ingénieur avant-vente.
J'ai ensuite voulu me rapprocher du domaine de l'édition de solutions logicielles, ce qui a motivé mon changement d'entreprise mi-2001, vers Eureka Soft (toujours à Rennes). J'y ai notamment travaillé sur des solutions pour automates vocaux, ce qui présentait un intéressant mix d'utilisation de technologies de l'Internet au service des télécoms. Malheureusement, ou heureusement, l'entreprise n'a pas connu la croissance prévue, si bien que le service de Rennes s'est peu à peu séparé de ses salariés pour finalement fermer. Je me suis donc retrouvé au pied du mur en mars 2002, ce qui m'a finalement donné l'opportunité de me remettre en question, et m'a permis de concrétiser un projet personnel : créer ma propre activité. Je me suis donc mis à mon compte, travaillant en freelance dans l'édition logicielle. Mon premier client a été mon ancien employeur : Eureka soft.

Exerçant intitialement sous un statut assimilable à la profession libérale, je me suis laissé convaincre par deux futurs associés de passer en portage salarial pour faciliter la gestion de mes activités. A trois, tout en menant nos activités, nous avons construit un projet d'entreprise qui s'est concrétisé en juin 2003, par la naissance de Hommes Et Process. Depuis, j'y ai la responsabilité du pôle Technologies et de la R&D : recherche de technologie, management des équipes techniques, création de marchés, participation à certains projets client. Mais de part mon statut de co-fondateur, je participe également à la définition de la stratégie de l'entreprise, et à son développement.

Hommes et Process concentre ses activités sur des technologies de travail en équipe appelées "Groove", et accompagne les entreprises dans le développement du télétravail ou du travail collaboratif par exemple. Mais nous éditons également nos propres solutions logicielles complémentaires à Groove, que nous proposons en tant que produits ou sur-mesure, en réponse à un cahier des charges client. Le centre R&D de l'entreprise est basée à Saint-Malo, et compte aujourd'hui 18 collaborateurs, qui ont la possibilité d'être actionnaires de l'entreprise. En fait, plus que des salariés, je préfère parler d'entrepreneurs."

Vous avez parlé de portage salarial... de quoi s'agit-il ?


"Le portage salarial est un statut qui offre de nombreux avantages par rapport à un travailleur indépendant. En fait, le salarié porté reste un consultant autonome, qui trouve ses clients lui-même, définit ses projets et gère entièrement sa prestation technique. En revanche, toute la partie administrative (gestion, responsabilité civile, protection juridique, assurance chômage, sécurité sociale, déclarations) est assurée par une société tierce. C'est d'ailleurs elle qui facture le client final, et qui reverse un salaire au consultant.
Pour le salarié, ce mode de fonctionnement allie tous les avantages d'un salarié « classique » (pas de gestion administrative, protection complète, et même un réseau de collègues !), avec l'autonomie d'un entrepreneur.
La loi de modernisation du marché du travail du 25 juin 2008 a gravé dans le marbre la reconnaissance de ce statut, qui est apparu en France dans les années 80 mais qui s'est réellement développé dans les années 2000."


Et la création d'entreprise, était-ce un projet de longue date ou une évolution logique dans votre parcours ?


"Un peu des deux ! En fait c'est un projet que j'avais déjà en tête à la sortie de l'École. J'étais d'ailleurs impliqué au sein de l'entreprise étudiante de Polytech : Idésys. Mais ce sont également les opportunités professionnelles qui m'ont aidé à le concrétiser : j'ai touché à de nombreux aspects du métier chez Cap Gemini, et le plan social chez Eureka Soft a été le déclencheur, qui m'a incité à sauter le pas pour renverser la situation, à priori défavorable, en ma faveur."

Si c'était à refaire, est-ce que vous vous lanceriez dans la création d'entreprise plus tôt ?


"Probablement pas. Le fait de découvrir de nombreuses facettes du métier en tant que salarié a été un atout indéniable, autant pour les accès techniques que "business" : gestion de projet, relation commerciale, ... . Ensuite, quand je me suis lancé en consultant freelance, j'ai dû faire face à de nouveaux "challenges", ceux d'un entrepreneur devant porter seul de multiples casquettes : de la technique à la gestion. Tout cela m'a permis de constituer un bagage, une connaissance plus fine du marché et de ses contraintes. Et l'autre aspect positif, voire primordial, est que ces premières années m'ont permis de me constituer un réseau de partenaires et de clients, tout en acquérant un début de reconnaissance, très utile quand on se lance tout seul !"

Parlons un peu de l'entreprise, et de sa localisation... Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous installer en terre bretonne ?

"À la création de l'entreprise, nous avons décidé de tenter l'aventure en gardant notre qualité de vie, dans cette région qui nous est chère. C'est parce que finalement cette création d'entreprise est aussi un projet de vie que nous avons installé le centre R&D  à Saint-Malo, lieu qui nous offre au quotidien un cadre idéal. Et c'est d'ailleurs également un atout lorsque l'on recherche à recruter des collaborateurs. Dans un contexte de marché de l'emploi tendu où il faut faire face à de grandes entreprises "gourmandes" en ingénieurs qualifiés et disposant de moyens supérieurs aux nôtres, notre philosophie de société est un atout indéniable"

Pas de regrets de ne pas se trouver sur Paris ?

"Moins de 5% de notre activité se fait en Bretagne, et environ 70% dans le reste de la France, majoritairement à Paris bien-sûr, là où sont établis les Grands Comptes. Alors bien-sûr, notre présence en région parisienne n'est pas négligeable. Mais finalement, Saint-Malo se défend bien : la ville est desservie par le TGV, ce qui la met à environ 3h de la capitale, l'accompagnement des entreprises y est de qualité et elle accueille régulièrement des symposiums scientifiques, ce qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il n'est pas rare que nos clients nord-américains nous disent avec enthousiasme connaître Saint-Malo, pour des raisons historiques ou scientifiques, alors même qu'ils ne connaissent pas Rennes par exemple !"

Quels sont les profils professionnels qui vous intéressent, et comment vous-y prenez vous pour les « accrocher » ?


"En fait les profils des salariés de Hommes & Process sont assez différents. Ce sont en revanche leurs aspirations qui sont similaires. Ils adhèrent tous à notre culture d'entreprise. Pour les attirer, nous misons, outre la localisation, sur l'esprit de la société, où tous les salariés ont la possibilité d'être actionnaires à terme et de contribuer très concrètement à son développement. Nous recrutons un peu à l'américaine, et nous nous intéressons avant tout aux compétences du candidat, à ses motivations et à ses projets pour faire avancer l'entreprise. Le diplôme a en fait moins d'importance pour nous, ce qui est à contre-courant de la méthode française traditionnelle."



Qu'est ce qui aujourd'hui vous motive dans votre activité ?


"Je dirais que la diversité des actions est l'un des points forts de mon métier. La curiosité qu'il impose me convient également : on recherche l'innovation, on se place en avance de phase, à créer ce qui n'existe pas encore. Il n'y a pas de banalité ! De plus, je tire également une grande satisfaction à mener ce projet d'entreprise, du fait que ce soit un projet collectif en accord avec les ambitions personnelles de ses créateurs. Enfin, la reconnaissance internationale que nous avons acquise nous conforte dans l'idée que ce que nous faisons a du sens."

Comment imaginez-vous l'évolution de l'entreprise dans les prochaines années ?


"Aujourd'hui l'entreprise est leader en France sur les technologies Groove, et a acquis une reconnaissance européenne et internationale importante. Nous sommes l'un des partenaires les plus robustes de Microsoft pour la promotion de ces technologies Groove. D'ailleurs, deux des six MVP (Most Valuable Professional, titre honorant un acteur majeur de la promotion des solutions du géant américain) mondiaux, sont des salariés de Hommes et Process. Alors l'objectif de l'entreprise est assez simple : consolider son statut !"

Et vous concernant ?


"Je suis satisfait de mon job et de ma société, et ne souhaite pas en changer. Néanmoins, je dois reconnaître que la création d'entreprise est pour moi comme un virus dont je ne suis pas vacciné. Si aujourd'hui il n'y a pas d'échéance définie pour qu'un nouveau projet émerge, j'ai déjà collecté quelques idées qui mûrissent tranquillement."

Abordons pour finir Polytech'Nantes. Quel bilan feriez-vous de la formation des étudiants ?


"Je trouve que globalement, les profils formés par l'École sont en accord avec les métiers recherchés par les entreprises. D'ailleurs, nous avons nous-mêmes recruté deux ingénieurs issus de Polytech'Nantes. L'approche conceptuelle liée aux mathématiques et à l'algorithmique constituent une base métier solide. L'enseignement du savoir-être, d'une forme de culture ingénieur, sont en adéquation avec les requis de l'activité.
En revanche, son point faible possible est pour moi lié à la formation pratique intégrée au cursus. Il y a pour moi un décalage par rapport aux attentes des entreprises, mais aussi par rapport à d'autres écoles d'ingénieurs. Pourquoi ne pas, par exemple, intégrer dans la formation la réalisation de projets au cours desquels les étudiants peuvent entamer des démarches de certification à l'utilisation de produits, ou bien encore développer des relations privilégiées avec de grands éditeurs, qu'il s'agisse de Microsoft, Sun, IBM ou Cisco par exemple ? Cela présenterait un atout certain pour les étudiants dès la sortie de l'École."

Avez-vous aujourd'hui conservé des liens avec l'Ecole ?


"Oui, j'interviens tous les ans pendant quelques jours, dans le cadre de la formation DUTIL (ndlr:DU Chef de projet logiciels et réseaux). Je propose également des projets pour les étudiants à l'équipe enseignante, et nous accueillons chez nous régulièrement des stagiaires. Hommes & Process fait également partie du groupe des entreprises partenaires de l'École. Je souhaite garder des contacts réguliers avec l'École, car il y a vraiment moyen de construire une relation gagnant-gagnant."



Propos recueillis par Damien Lelandais, pour Poly'Nantes.
Mis à jour le 01 avril 2016.
https://polytech.univ-nantes.fr/fr/une-ecole-sur-3-campus/actualites/portrait-dun-ancien-eleve-fabrice-barbin-silr-1999